Face aux impacts environnementaux de l’extraction minière, le recyclage de l’or, du palladium du cuivre ou autres métaux stratégiques, devrait être étendu.
Spécialisé depuis plus de 20 ans dans le recyclage de l’or dit « industriel », c’est-à-dire provenant de déchets industriels, ADIMAS souhaite dans cet article argumenter et chiffrer les avantages écologiques que représente l’or recyclé, en comparaison avec le poids écologique de l’or provenant de l’exploitation minière.
La production et la consommation de métaux ont connu une augmentation constante depuis que l’homme les exploite, autant dans la quantité que la diversité des métaux. On nous annonce que nous passons d’un monde consommateur intensif en hydrocarbures à un monde consommateur intensif en métaux (1).
Les technologies liées à la transition énergétique et à l’extension du numérique dans toutes les activités en témoignent.
Ces technologies reposent sur des métaux rares. (2)
Il est essentiel que ce nouveau monde intègre des avantages écologiques du recyclage de l’or.
Aujourd’hui, l’offre en métaux est fournie en large majorité par l’extraction minière. De nombreux et importants impacts environnementaux en sont indissociables. (3)
Les métaux sont recyclables à l’infini, sans pertes de propriétés intrinsèques. Les technologies de recyclage évitent le gâchis de matière, d’énergie et d’eau. Elles sont aussi plus économiques et largement moins polluantes.
Dans cet article, nous souhaitons vous montrer quels sont les impacts de l’exploitation minière des métaux et les avantages de leur recyclage, qui ne sont pas suffisamment connus.
En réalité, presque tous les métaux sont rares. Les cinq exceptions sont le fer, l’aluminium, le titane, le magnésium et le manganèse, tous largement répandus dans la croûte terrestre.
Le métal jaune est parmi les plus rares des métaux précieux : les gisements d’or ne contiennent que quelques grammes par tonne de minerai exploité. Il est donc nécessaire de creuser, broyer et traiter plusieurs centaines de tonnes de roche pour chaque kilogramme obtenu.
En 2021, la production mondiale d’or était de 4718 tonnes, dont 3582 étaient issues des mines et 1136 tonnes représente la part d’or recyclée, soit 24,08%. (4)
Le recyclage de l’or provient de la récupération de l’or issu de :
La majorité du rachat d’or provient de bijoux, qui représentent 48% de la consommation d’or.
Pour comparer, la production mondiale d’acier en 2021 était de 1950,5 millions de tonnes (5) et l’extraction minière mondiale de cuivre en 2021 était de 21,2 millions de tonnes (6).
L’extraction de tous les métaux fonctionne sur des principes similaires, comme montré par exemple dans cette vidéo. :
Les consommations d’énergie, d’eau, de produits chimiques et les quantités de déchets générés varient avec la concentration du gisement : plus la concentration d’un gisement est basse, plus les impacts environnementaux sont grands.
De plus, une mine dégrade fortement les sols et les milieux naturels par la large surface qu’elles occupent. Plusieurs kilomètres carrés sont nécessaires à l’installation d’une mine et ses infrastructures dédiées.
Nous avons déjà traité la différence d’impact carbone entre or miné et recyclé dans un autre article : « Performance climatique et économique des métaux recyclés, issus des cartes à puce ».
Du fait de sa faible concentration dans les gisements, l’or est un des métaux les plus polluants au kg produit. En moyenne, l’extraction de l’or et son traitement implique l’émissions de 16 tonnes de CO2 par kg. (7)
Pour comparaison, l’empreinte carbone moyenne d’un français en un an en 2020 était de 11,2 tonnes de CO2. Pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique, ces émissions devraient être amenées à 2 tonnes par personne et par an. (8)
Avantage écologique du recyclage de l’or : 93,13% d’émissions évitées.
Une mine d’or standard dispose d’une puissance de 40 MW, ce qui correspond à 10 tonnes de fioul par heure. (9)
Le broyage des roches est l’étape la plus énergivore du procédé d’extraction. Le broyeur consomme environ la moitié de l’énergie de la mine.
Aussi, plus on exploite les gisements et plus leur concentration diminue. Les besoins énergétiques nécessaires à l’extraction des métaux est donc de plus en plus grand. On parle d’intensité énergétique croissante. (10)
Jusqu’à présent, cela n’a pas empêché la production d’augmenter.
La conséquence directe est sans équivoque : les impacts environnementaux d’exploitation des gisements pauvres croissent dangereusement.
Le besoin énergétique du procédé des mines s’élève en moyenne à 240 Gigajoules par kg d’or (9). Cela correspond à environ 6 700 litres de fioul par kg d’or. (11)
Avantage écologique du recyclage de l’or : 96,67% d’énergie préservée.
L’activité minière est aussi très consommatrice d’eau, principalement lors du traitement des roches broyées. De plus, si une mine trouve de l’eau souterraine, il faut la pomper en dehors pour accéder à la roche.
Une mine fait donc souvent concurrence à l’approvisionnement en eau des populations locales et participe à vider les nappes phréatiques. Pour un kilogramme d’or produit, la consommation d’eau est de 2 500 000 litres d’eau, lors du traitement du minerai et pour en assimiler les rejets. C’est autant d’eau que toute une piscine olympique (12).
Avantage écologique du recyclage de l’or : 99,89% d’eau préservée
Il est très rare de trouver les métaux naturellement sous forme pure. Cela concerne la majorité des mines. Une mine dédiée à un métal est donc typiquement aussi productrice d’autres éléments.
Par exemple, une pépite d’or naturelle n’est pas pure (24 carats), elle contient jusqu’à un quart d’argent. Une mine d’or est souvent aussi productrice d’argent, de cuivre, de plomb, de zinc, de quartz, etc. Au point que la masse d’or extraite est généralement inférieure à celle des co-produits.
Tant qu’un élément est jugé rentable par l’exploitant, il peut être commercialisé plutôt que d’être considéré comme un déchet. En effet, l’activité minière est principalement motivée par la recherche de profit. Le recyclage de l’or est lui motivé par ses ressources inépuisables, ses avantages écologiques et la lutte contre le gaspillage.
Les éléments qui accompagnent l’or naturel peuvent être toxiques, comme le plomb, le soufre ou l’arsenic. Si leur traitement n’est pas considéré comme rentable par la compagnie minière, ils sont considérés comme des déchets miniers. Une fois le minerai extrait de la terre, broyé et trié, les boues et roches sont mises à l’écart : Ce sont les déchets solides de l’exploitation minière, nommés stériles miniers.
Dans une mine d’or, 1kg d’or extrait nécessite la production de 100 tonnes de roches stériles, faisant partie des déchets solides générés lors de l’exploitation. (13)
Au contact de l’eau, ces stériles peuvent former des déchets toxiques sous forme de boues. En effet, le broyage des roches multiplie la surface de contact avec l’eau, qui emporte alors bien plus de matériaux qu’avec une roche naturelle.
Rivière polluée au fer, cuivre et souffre par la mine de Rio Tinto, une mine de cuivre à ciel ouvert
Ces roches et boues doivent être stockées de manière à éviter leur propagation dans l’environnement. Elles sont donc employées dans la formation de terrils, de digues ou, dans des galeries à reboucher, etc. Mais ces dispositifs ne suffisent pas toujours à empêcher les pollutions, surtout en cas d’accident.
La concentration en métal des déchets est significativement plus élevée que celle des gisements. Nous avons présenté l’exemple des cartes à puce dans un précédent article : Il y a autant d’or dans 1 tonne de cartes à puce que dans 75 tonnes de minerai.
À elle seule, cette différence de concentration indique que le traitement des déchets destinés au recyclage des métaux présente d’importants avantages écologiques, en comparaison à l’extraction minière :
À la différence d’une mine, un site de recyclage n’a pas d’emprise particulière sur les sols. Il peut être déployé sans contrainte de lieu et la surface dédiée à n’importe quel site industriel est considérablement plus petite que celle nécessaire à une mine.
Le recyclage de l’or a des impacts globaux dont la somme est évaluée 111 fois inférieure comparé à l’or miné. (14) De manière générale, la différence d’impacts entre l’extraction minière et le recyclage des métaux est très importante.
Tableau comparatif : mines et recyclage
Dans ce tableau, les valeurs retenues pour l’or miné concernent les mines modernes. Celles retenues pour le recyclage concernent des déchets moyennement concentrés, proches des déchets de composants électroniques typiquement traités par ADIMAS.
Les valeurs présentées varient selon les technologies employées et la qualité du déchet recyclé, mais les ordres de grandeur restent suffisamment proches pour qu’une comparaison en proportions soit pertinente.
Les métaux sont recyclables à l’infini. Les solutions de recyclage des métaux sont essentiellement liées à l’organisation de la collecte, la gestion des flux et la conception des produits finis qui deviennent alors des déchets à recycler.
Le recyclage des déchets contenant des métaux à recycler, est à la fois une solution pertinente pour de ne pas gâcher de matériaux et constituer de nouveaux flux d’approvisionnements en ressources, en leur donnant une seconde vie avec un coût et des impacts environnementaux moindres.
Bien qu’il nécessite tout de même une consommation d’énergie et de ressources, le recyclage est considérablement moins impactant que l’extraction minière, autant pour la nature que les communautés humaines.
– 93,13% des émissions de CO2
– 96,57% de la consommation d’énergie
– 99,89% de la consommation d’eau
– 100% des rejets de déchets toxiques dans la nature
Favoriser et étendre le recyclage des métaux et l‘emploi de matière recyclée permet d’agir en faveur de l’environnement et de s’inscrire dans un mode de production bientôt incontournable, notamment face à l’épuisement des ressources naturelles en or, dont l’épuisement est attendu au cours du siècle.
Le recyclage étendu d’or de tout type de déchet disponible qui le contient, a une importance particulière en France du fait de l’absence de gisements exploitables. C’est un apport de nouveaux approvisionnements qui réduit la dépendance à un fournisseur unique ou distant, ce qui est un atout stratégique indéniable.
